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Nipmédite Explore – Le célibat monastique

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Nipmédite Explore - Le célibat monastique
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Dans le 2e épisode de cette mini-série de podcasts, nous écoutons Sœur Sylvie aborder le célibat monastique à la suite de son message sur l’Arbre de Vie. Le célibat monastique est justement l’un des terreaux possibles pour faire grandir cet arbre.


Retranscription de l’enseignement de Sœur Sylvie:

La vie communautaire : elle a pour but de devenir une vie de communion entre toutes les différentes espèces d’arbres afin de devenir un seul corps, un seul arbre dans une diversité unifiée, l’arbre Christ. Cela pour répondre à la prière de Jésus à Dieu son Père, je cite « qu’ils soient un, comme nous sommes un, moi en eux comme toi en moi, pour qu’ils parviennent à l’unité parfaite et qu’ainsi le monde puisse connaître que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. » [Jn 17/22].

Célibat chrétien ne veut pas dire stérilité. Il existe des arbres seuls qui sont de beaux arbres. Le Christ a été un arbre seul, et un bel arbre je dirais.

Le célibat est contre nature c’est sûr, mais n’est pas contre-humanité. « Comprenne qui peut comprendre » [Mt 19/12] dit Jésus à propos de cette possibilité de vie qui a été la sienne. Il ne s’agit pas de contrarier la nature humaine juste pour vivre une ascèse, mais plutôt une nouvelle façon possible de l’orienter vers une vie qui fait signe, malgré et avec sa pauvreté, à une autre plénitude, celle de la vie accomplie en Dieu. Le célibat monastique nécessite pour être vécu de manière chrétienne – demeurer en Christ – un travail approfondi de notre humanité. 

L’apprentissage est celui de la chasteté au sens large, cela veut dire qu’il y a la recherche de relations justes. Justes dans le sens de « ajustées » à l’Autre, c’est-à-dire Dieu, et aux autres. Se rendre compte peu à peu que nos tendances égocentriques ne sont pas « ajustées » à l’Evangile. Par exemple : faire l’effort de connaître en vérité ses propres désirs affectifs et sexuels pour essayer de les libérer de la tentation du désir de possession, d’emprise, de pouvoir sur l’autre par toutes les formes et façons dont nous sommes capables : la manipulation, la séduction, le chantage, les formes de violences relationnelles, etc. 

La chasteté demande un travail de conversion pour n’importe quel chrétien, célibataire ou non. La chasteté c’est de pouvoir éprouver en nous la grandeur de Dieu – ce que la Bible appelle parfois la “Crainte de Dieu” – qui nous libère de nos esclavages intérieurs. C’est le reconnaître Lui seul comme notre Seigneur sur la totalité de notre vie, et lutter avec Lui pour nous débarrasser des idoles qui continuent de nous dominer. Ce sont des grands mots, des grandes idées, mais je vous donne un exemple tout bête et tout vrai et bien difficile à vivre. Je vous donne une illustration pour expliquer plus concrètement ce en quoi peut consister la vie spirituelle dans la vie quotidienne, une lutte qui a pour but de laisser la place au Christ en moi-même. Quand, il arrive que vous vous sentiez humilié par quelqu’un, il y a bien des solutions comme réaction : si c’est une plante plus fragile que vous, vous la déracinez ou vous tentez au moins de lui casser une branche, si c’est une plante plus forte, vous recroquevillez vos propres branches pour ne plus avoir de contact avec elle. Mais il y a une voie, celle de Jésus : vous essayez de regarder et de considérer cette plante avec les yeux de Dieu qui la voit dans son entier, et voit aussi sa souffrance, sa fragilité. Dans la prière vous comprenez que Dieu voit les vôtres aussi et il vous fait sentir qu’il les accueille dans sa propre fragilité, alors vous entrez dans la crainte de Dieu c’est à dire dans la reconnaissance, dans les 2 sens du terme (gratitude et connaissance), de ce qu’il est Lui pour vous : un Dieu miséricordieux qui ne craint pas de s’abaisser pour vous laver les pieds quand on lui confesse humblement avoir du mal à s’aimer les uns les autres. 

Alors, petit à petit on en vient à reconsidérer la personne qui a blessé comme une sœur ou un frère pauvre en humanité comme on l’est soi-même, et on peut pousser la folie jusqu’à dire : « merci » pour cette humiliation qui me remet à ma juste place, une place ajustée à Dieu et ajustée aux autres. Une place où avec mon consentement à ne pas être le centre de mon monde, à ne pas lutter pour avoir raison à tout prix, je diminue pour laisser place à la libération de Dieu en moi, à son épanouissement en moi. J’accepte l’élagage du narcissisme de mon ego. 

L’accompagnement spirituel est un autre instrument de la vie monastique : le prieur, la prieure, les maître et maîtresse des novices. Chaque personne est accompagnée sur son chemin de croissance par des « tuteurs » pour renforcer le bois tendre, pour apprendre à développer son propre bois, sa propre incarnation, à l’image de celle du Christ. Devenir un arbre comme l’arbre de vie. 

L’incarnation du Christ est une révolution divine qui commence par le bas, l’humus, l’humilité. Dieu ne se révèle pas comme le Dieu d’en haut mais comme le Dieu d’en bas. Jésus donc par son corps mortel et par sa vie exauce le désir du Père. Cela nous ouvre un chemin, nous sommes amenés à comprendre que par notre corps mortel, par notre personne limitée nous pouvons être nous aussi l’exaucement du Père, en Christ. « Que ta volonté soit faite » comme le dit la prière de Notre Père). En Jésus, le Père plante l’arbre de vie au cœur de notre humanité, càd dans notre monde et son histoire et dans l’intimité de notre histoire personnelle aussi. L’humanité de Jésus c’est-à-dire sa façon d’être que l’on découvre dans les évangiles, interpelle notre propre humanité et son humanité vient, si nous le désirons, travailler notre humanité de l’intérieur selon la promesse de Dieu exprimée dans la Bible par la bouche du prophète Ezéchiel : « je leur enlèverai du corps leur cœur de pierre, et je leur donnerai un cœur de chair…ils seront mon peuple et je serai leur Dieu » [Ez 11/19]. Oui, le cœur de chair c’est Christ en nous, sa sève en nous. Le cœur de pierre évoque le « vieil homme », expression de Saint Paul [Eph 4/22], les branches mortes auxquelles nous sommes très attachés. Nous sommes invités à abandonner le « vieil homme » pour revêtir l’être nouveau, revêtir le Christ, assumer l’humanité du Christ comme Lui a assumé la nôtre, demeurer en Lui comme Lui demeure dans le Père, selon l’Évangile de Saint Jean [Jn 14/20].


Épilogue et autres notes:

Retrouvez toutes les informations en français sur la communauté de frères et de sœurs vivant à Bose (IT) sur https://www.monasterodibose.it/fr/

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