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Nipmédite Explore – Vivre comme arbre de vie dans un monastère

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Nipmédite Explore - Vivre comme arbre de vie dans un monastère
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En 2023, une rencontre avec Sœur Sylvie a eu lieu au Monastère de Bose (IT) qu’elle a rejoint il y a plus de 30 ans. C’est dans le cadre d’une retraite francophone de 3 jours intitulée “Grandis… comme un arbre!” que Sœur Sylvie a transmis un enseignement que nous allons retracer dans cette mini-série de podcasts. 


Retranscription de l’enseignement de Sœur Sylvie:

L’arbre comme symbole de l’être humain. Déjà par notre baptême, notre vie est porteuse de l’arbre de vie qui est le Christ et qu’il faut laisser grandir en nous, car le Christ est l’accomplissement de l’être humain [Col 1/19].

Notre arbre est appelé à devenir le sien, car le Christ n’a pas d’autre terre que la nôtre, d’autre plante que la nôtre pour pousser. Croître à la stature du Christ [Eph 4/13], c’est-à-dire être arbre de vie au centre du jardin de notre humanité c’est le mettre au centre de notre existence, c’est désirer qu’il demeure en moi.

Pour cela, il faut travailler le terreau, c’est-à-dire consentir à une mort pour une résurrection. Si le grain tombé en terre ne renonce pas à sa forme, il ne deviendra jamais un germe. On a aussi l’exemple de Saint Jean Baptiste qui disait : « il faut qu’il grandisse et que je diminue » selon l’Evangile de St-Jean, chapître 3/verset 30 [Jn 3/30].

Quand on arrive au Monastère de Bose comme novice, on est incité à travailler son terreau pour grandir dans la vie spirituelle et humaine, car les 2 choses ne peuvent être séparées, c’est le même terreau : l’humain et le spirituel sont enlacés. Alors en quoi consiste ce travail ?

Il s’agit de s’enraciner dans la Parole, d’apprendre à invoquer l’Esprit dans la prière pour que la sève du Seigneur enrichisse la nôtre, et d’être accompagné personnellement.

L’arbre de vie pour la tradition chrétienne, c’est bien sûr le Christ : C’est l’arbre de vie au milieu du jardin, comme le livre de la Génèse le raconte dans la Bible, il est le cœur pulsant de la création, le cœur de l’humanité. Je cite ici un passage biblique: « Il est l’image du Dieu invisible, Premier né de toute créature, car en lui tout a été créé, dans les cieux et sur la terre …Tout est créé par lui et pour lui. » [Cor 1/15].  Le Christ est la plénitude de l’humanité et la plénitude de Dieu […]. Il est la présence de Dieu au cœur de notre vie et il la portera à son accomplissement. 

L’arbre de vie, justement parce qu’il est « de vie » est un arbre vivant et selon la logique de la création, tout vivant donne la vie, donne vie et donne sa vie.

La Bible a cette particularité de commencer par le livre de la fin. La Genèse, le jardin d’Eden est une prophétie plus qu’un passé ou un âge d’or. Nous sommes hors du jardin et appelés à entrer dans notre jardin. Jesus a dit en effet « En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » [Jn 3/5] ; entrer dans le jardin que Dieu a planté, pour être un arbre de vie dans l’Arbre de vie, avec un grand A.

Il faut parfois un long parcours de foi pour que nous nous sentions des « choisis/es » par Dieu pour devenir cet arbre. Cela veut dire accepter l’amour que Dieu a pour nous, sans fausse humilité, comme réponse à l’appel du Seigneur car pour lui, chacun-e de nous est l’arbre choisi par Dieu pour y faire habiter toute plénitude. C’est le résumé de la vie chrétienne : une vie EN Christ.

Je crois que la vie à la suite du Christ se profile dans une recherche incessante, une contemplation du Seigneur au travers des écritures pour recevoir Sa vie en nous. Quant à la vie monastique elle n’est qu’une forme de vie pour cet accomplissement, un accomplissement qui est un appel pour tous les chrétiens de toute façon.

La vie monastique n’est qu’un terreau particulier pour la croissance de l’arbre, il existe heureusement d’autres terreaux.

C’est dans l’humus de nos vies que Dieu opère secrètement : « Mon corps n’était pas caché devant toi lorsque j’ai été fait en secret, tissé dans les profondeurs de la terre. » comme chante le Psaume* 139.

On reconnaît Dieu comme le créateur de nos corps et de notre être profond, Nous pressentons bien qu’Il nous connaît intimement plus que nous nous connaissons nous-mêmes. C’est dans le secret du terreau de notre enfance qu’il a déjà mis des germes de « rencontre avec lui », qu’il a travaillé notre intériorité et qu’il attend patiemment la saison propice dans notre vie pour que le petit arbre ose sortir de terre. Tout commence par l’œuvre de Dieu enfouie dans le terreau je cite de nouveau le Psaume 139 « quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient ». Nous sommes précédés par un désir : celui de Dieu, Son désir c’est la vie. La puissance de vie contenue dans une semence puis dans une minuscule plante capable d’affronter les épreuves est impressionnante malgré la fragilité. Pensons aux ressources vitales de résilience dont l’être humain est capable dans des conditions effroyables (camps de concentration par ex.) comme l’explique bien le psychiatre Boris Cyrulnik.

De ce terreau peut naître chez la jeune plante un attrait pour un type de terrain, le terrain monastique par exemple. Souvent on nous demande : « qu’est-ce qu’une vocation monastique ? » C’est comme si les racines d’un jeune arbre cherchaient une nourriture appropriée à ce qu’il est. Cet arbre qui pousse et grandit est habité par la recherche de la lumière, c’est le désir de Dieu, le désir de demeurer en Christ pour que Christ demeure en lui c’est comme si on disait, par la métaphore que la jeune plante toute verte désire devenir bois, le bois comme essence même du Christ.

La culture appropriée de l’arbre se fait au travers d’instruments plus particuliers à la vie monastique, l’un d’eux est la Règle monastique qui décline l’Evangile selon la forme de vie choisie : la vie communautaire et le célibat.


Épilogue et autres notes:

Retrouvez toutes les informations en français sur la communauté de frères et de sœurs vivant à Bose (IT) sur https://www.monasterodibose.it/fr/

* Les psaumes sont des poèmes, des prières traditionnelles du peuple d’Israël.

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