« Nous vivons dans une société qui fait de la santé à posteriori: quand il y a un problème, on le résout. D’autres le font en avance de phase, comme la médecine chinoise. »
Karim Bensaci, CTO pour CALYPS Saniia
Cette semaine, @WarcoBrienza retrouve Karim Bensaci pour la dernière émission de cette série. Et pas des moindres! Ce sera l’occasion d’aborder les résultats de l’étude en ligne “Ensemble, construisons la santé de demain” lancée il y a quelques mois.
Parmi nos auditeurs, il y en a certainement qui auront vécu l’”expérience patient classique” à savoir celle dans laquelle… On patiente (!) comme l’annonçait Karim dans l’épisode ‘Soigner les soignants’.
Finalement, quelles prestations d’un hôpital, d’une clinique ou d’un centre de soins passent avant tout ? Et quelles pistes innovantes pour répondre au “désengorgement des urgences” ? Discussion et réponses avec Karim Bensaci, cofondateur de la solution d’IA Saniia.
Les questions de l’étude abordées avec Karim Bensaci:
Avant de démarrer, mentionnons que 30 participants d’Europe francophone – Suisse, France et Belgique – ont pris part à notre étude en ligne. Celle-ci a été communiquée à la rentrée d’août 2023, puis lors des conférences Medicalytics de septembre 2023. Comme d’habitude, les opinions formulées sont personnelles et n’engagent que nos podcasteurs.
Une prédominance de réponses venues du territoire suisse romand influence nécessairement l’interprétation des réponses. Notamment sur le temps d’attente: chanceux, les Suisses attendent proportionnellement moins souvent et moins longtemps dans un établissement hospitalier que les résidents français.
30 participants, c’est à la fois peu et beaucoup. C’est assez pour se rapprocher de la loi des grands nombres, même si ces chiffres n’ont aucune signification statistiquement parlant.
La répartition entre pays francophones est visible sur le chart n°10.
L’observation qui frappe sur le chart n°1, c’est la proportion de répondants qui a été chez le médecin au cours des 12 derniers mois. Comme quoi, le médecin de famille n’est pas mort!
- 2 fois plus de répondants sont allés chez le médecin (50%) plutôt qu’à l’hôpital (23.33%).
À notre (grande) surprise, 12 des 26 participants ayant répondu à cette question n’ont pas dû attendre lors de sa visite.
NB: en général, on prend rdv avant d’aller chez le médecin, ce qui facilite les choses.
Phénomène intéressant: 18 des 30 répondants ont sauté cette question pour répondre à la suivante, au meilleur taux de réponse parmi les 6 thèmes exposés. Malgré le désintérêt général, l’information aux accompagnants a été jugée comme “pire prestation possible” par un sondé. Si cette problématique ne touche pas tout le monde, elle peut fortement heurter une partie du public.
Point positif: la consultation par le médecin a été jugée comme la “meilleure prestation possible” par près d’un tiers des participants.
Que retenir des réponses ci-dessus? Si la santé de demain s’inspire de la “médecine 4P”, les notions de “Prévention” et de “Participation” semblent avoir plus d’impact que la “Prédiction” et la “Personnalisation”, à en croire la proportion élevée des participants adhérant aux 2 propositions suivantes:
- Plus que la prévention, la société doit valoriser positivement la bonne santé des individus (62,50% des répondants)
- La société doit prendre soin de la santé, pas que des maladies (60,87%)
À titre illustratif, la médecine chinoise laisse la part belle à l’anticipation et à la promotion de la santé depuis 10’000 ans déjà…
Ici, les choses sont claires. Aux yeux du patient, il est inacceptable de recevoir un diagnostic qui ne tient pas compte des symptômes qu’il a identifiés.
Non, le patient n’est pas/plus prêt à s’en remettre complètement au médecin!
Pour conclure sur la question 8, il est à noter que les primes d’assurance ne sont pas considérées comme problématiques (‘aucun problème’ ou ‘peu problématique’) par plus d’un tiers des sondés.
Imaginez… les urgences de demain
Il est dimanche, 16h. Vous avez des doutes sur votre état de santé et concluez qu’un passage aux urgences serait opportun. Vous regardez l’application de votre hôpital de référence, qui indique le temps d’attente aux urgences, mais pas seulement. Dans cette version futuriste, elle indique aussi le temps de passage estimé et propose de répondre à un questionnaire en ligne pour évaluer la priorité de votre requête. Le questionnaire transmis, l’application vous propose de venir le lendemain lors de 2 créneaux plus favorables. Vous optez pour votre heure préférée.
Sur place, vous vous dirigez vers une borne de pré-admission. Avec votre téléphone, vous vous identifiez tandis que les soignants sont avertis de votre arrivée. L’application résume alors votre parcours à venir et indique la prochaine étape, ainsi que le temps d’attente estimé. Votre examen est réalisé dans la foulée. Le médecin urgentiste qui vous ausculte aimerait faire une radio. L’application vous indique quand et où la radiographie aura lieu, ce qui vous laisse 43 minutes devant vous. 20 minutes avant votre radio, vous recevez une notification indiquant l’emplacement précis pour la radio ; 10 minutes plus tard, une 2e notification vous rappelle le rendez-vous pour votre radiographie. Lorsque vous entrez dans la salle, on vous attend.
Une fois la radio terminée, votre téléphone indique la prochaine étape, le diagnostic. Le médecin urgentiste qui vous a examiné a de bonnes nouvelles! Rien de grave, mais il faudra éviter les poids et les gestes brusques pendant une semaine au moins.
Parmi les 7 points à évaluer dans ce service des urgences, 2 ressortent du lot et sont jugés comme “passionnants” par plus d’un tiers des répondants:
4. Prendre rdv aux urgences
6. Passer aux urgences sans attendre
La prise de rdv pour une consultation aux urgences semble avoir les faveurs du public mais, paradoxalement, quelques ingrédients essentiels à cette solution n’ont pas été valorisés à leur juste mesure (i.e. formulaire en ligne d’auto-évaluation).