“ Il y a plein de data, mais je constate que le réel s’appauvrit. » Christophe Tricot, expert en Intelligence Artificielle
Dans le 13e épisode d’Airccelerate podcast, Marco Brienza s’entretient avec Christophe Tricot, AI Manager pour Kynapse
Synopsis
Ceux qui font l’IA ne le revendiquent pas: ils parlent plus volontiers de modèle mathématique que d’Intelligence Artificielle (IA). Les exemples en vogue ne font pas exception: si les véhicules autonomes utilisent du Machine Learning (ML), le modèle de calcul reste, somme toute, simple et pas vraiment “intelligent”, comme le relevait déjà Anne Melano dans un précédent épisode d’Airccelerate podcast. Quant au chatbot, il utilise des techniques d’IA dans la classification de demandes utilisateurs, mais ne constitue pas une intelligence consciente et apprenante.
A la question “Combien parmi vous utilisent un chatbot au quotidien?” posée dans les écoles ou lors de conférences, Dr. Tricot voit souvent peu de mains se lever… et pour cause: ce type de robot ne rencontre pas les usages. Sous couvert de performance supposée de l’IA, on automatise un nombre grandissant de processus de travail, remettant parfois en cause le(s) rôle de l’humain. Alors que des civilisations se sont construites sur la “valeur travail”, comment mieux vivre avec l’idée que nous pourrions en être libérés, plutôt que remplacés?
Pour Christophe Tricot, l’IA regroupe un “ensemble de techniques qui visent à résoudre des problèmes complexes, en s’inspirant de l’humain”. Après un doctorat sur la question au début des années 2000, il passe du monde académique à celui de l’entrepreneuriat. Cité parmi les 10 influenceurs les plus importants en matière d’IA fin 2017, il oeuvre pour l’avènement de la transformation digitale en tant que Manager IA pour l’agence Kynapse basée à Paris.
Questions posées à Christophe:
- Dans la récente tribune “Oui, l’intelligence artificielle appauvrit le réel… mais tout n’est pas perdu” que tu as co-écrites avec Claude Aschenbrenner, vous faites référence à la “quête du graal marketing passant par l’hyper-personnalisation“ ainsi qu’aux expériences utilisateurs de plus en plus pauvres auxquelles elle conduit. Comment sommes-nous arrivés à ce paradoxe?
- Peut-on modéliser l’intuition (question abordée à la table ronde de la conférence Nipconf en 2015 déjà)?
- Fin 2014, des personnalités comme Bill Gates, Elon Musk et le défunt Stephen Hawking ont publiquement annoncé que l’IA risque de conduire à la fin de l’humanité. Toi, qu’en penses-tu?
- A la manière de Big Brother, Big Data veille sur nous, tandis que nous veillons au grain! Je me demande parfois ce que les algorithmes tirent de toutes les informations erronées que dissémine volontairement sur les formulaires. Et je ne suis pas le seul.
- Penses-tu qu’une IA “forte” puisse un jour développer sa propre éthique?
- Les grands acteurs se ressemblent mais ne s’assemblent pas: les fournisseurs d’IA (IBM, Microsoft, Amazon, Google ou encore Alibaba) sont omniprésents avec des prestations qui ne sortent pas/plus des sentiers battus. Vois-tu des champs d’investigations actuellement propices à l’IA autres que le ML, les chatbots, le traitement des images, de la voix ou du texte tels que proposés aujourd’hui par ces grands groupes?
Une citation et un livre inspirants
« Le meilleur moyen de prédire l’avenir est de l’inventer » Alan Kay, codeur de génie
“Je cherche à comprendre: les codes cachés de la nature”, Joël de Rosnay, oct. 2016